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Chausser le bon soulier

Imelda Marcos, ex-mannequin professionnel, veuve de l’ancien président et dictateur philippin et aujourd’hui députée de son pays, est réputée en posséder plus de 3000 paires. Ce qui n’est rien si on la compare à Darlene Flynn, une américaine de 58 ans, assassinée l’an dernier par son copain, qui affirme en posséder plus de 16 000! De nombreuses vedettes de la télévision comme du cinéma affirment posséder des centaines de paires de chaussures, tout comme de nombreuses femmes par ailleurs tout à fait ordinaires. Mais qu’est-ce qui peut bien rendre la chaussure fascinante à ce point? Qu’est ce qui en fait un objet aussi attirant au point que plusieurs d’entre nous ne résistent que difficilement à l’envie de se les procurer?

Le pied de la femme, depuis toujours, a été considéré objet de séduction. Pourquoi? En fait, il semblerait que le pied en lui-même séduirait assez peu. C’est plutôt dans la façon de le présenter, de l’habiller, que cette symbolique prendrait tout son sens. Pour l’homme, la chaussure est assez banale. Avant l’esthétique, c’est d’abord le confort ou la protection qui est recherchés. L’homme s’attarde peu devant un étalage de chaussure pour lui et, s’il s’y intéresse, c’est pour essayer d’y dénicher le produit dans lequel il sera le plus à l’aise. L’apparence est une qualité secondaire pour lui.

Pour la femme, c’est tout le contraire. Tout est dans le coup d’œil. Plusieurs seront prêtes à risquer leur confort, et même leur équilibre, pour une chaussure qui saura leur valoir un regard. Un rapide inventaire de ce qui est offert sur les étalages ou dans les vitrines nous en convaincra, les chaussures pour femmes sont essentiellement axées sur le « look ». Elles visent avant tout à mettre en valeur le pied, ou la jambe. Elles cherchent à attirer l’attention. Il est donc un peu hypocrite de condamner les intentions de ces hommes qui balaient de l’œil le corps de la femme en partant des pied vers le haut, puisque c’est bien là que, souvent, par le choix fort peu innocent de la chaussure, on souhaitait attirer ses premiers regards.

Mais il y a plus. Il y a ces souliers à talons hauts, et parfois très hauts, souvent fins et effilés comme des stylets, ou alors aux formes improbables évoquant une géométrie architecturalement audacieuse. Quel que soit le design, tout est d’abord dans la hauteur. Peu de femmes peuvent réellement porter longtemps une chaussure dont le talon est situé quinze centimètres plus haut que la semelle. Il faut, dans ce cas, faire porter presque tout le poids du corps exclusivement sur la pointe du pied. Pour quelques minutes, cela s’endure mais, à moins d’avoir l’entraînement d’une ballerine classique, cela devient vite insupportable. C’est pourquoi beaucoup de souliers à talons très hauts ont des semelles compensées, réduisant ainsi d’autant la dénivellation entre la plante du pied et le talon ainsi que la courbure imposée au membre. Les chaussures à talons très hauts ne se portent donc réellement que le temps d’une photo ou, encore, au lit…

Par contre, ces chaussures ont un effet spectaculaire : elles allongent de plusieurs centimètres le corps de la femme tout en accentuant la cambrure des reins et le galbe du mollet. Le résultat est souvent à couper le souffle. Ainsi allongée, la silhouette semble amincie, les fesses sont rebondies, et la jambe, étirée par rapport à la longueur de la cuisse, paraît parfaitement et très sensuellement galbée. Pour permettre à la femme de conserver son équilibre, le postérieur est projeté vers l’arrière tandis que, pour compenser, la poitrine pointera davantage vers l’avant. On voit tout de suite l’impact de cette réorganisation géométrique sur l’apparence de la personne qui, bien sûr, soulèvera toutes les convoitises.

Depuis la nuit des temps, la femme cherche à séduire. Moins mobile que l’homme par ses spécificités biologiques, elle doit l’attirer sans avoir à trop bouger. Elle a rapidement compris que les parures dont elle s’ornait étaient essentielles pour jouer efficacement ce rôle. C’est sans doute de là qu’est née la coquetterie, et de là, aussi, que sont nées nos chaussu

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