Érotisme, État d'âme, Chronique, Sexualité

Cyprine et autres fleurs

Le printemps, c’est la saison de la vie. Après un hiver interminable où tout a semblé mourir tant le froid s’est éternisé, ce printemps commence enfin, timidement, à montrer le bout de son nez. On n’en est pas encore au débourrage des bourgeons, mais ça ne saurait tarder. Ensuite ce seront les fleurs, puis les fruits, les graines viendront après, et ainsi de suite jusqu’à la génération suivante, puis l’autre… on parle du cycle de la vie, immuable tant qu’il y a vie. En fait, c’est même la seule raison qui l’explique, cette vie, et tout ce qui en découle : la reproduction et ses mécanismes plus ou moins subtils et complexes.

Et la vie humaine? Pareil. Ce qui nous explique en tant qu’être, c’est cette volonté de reproduction qui nous habite dès nos premières pensées inconscientes, et bien avant d’avoir l’âge d’agir de quelque manière que ce soit pour les actualiser. Comme toute autre espèce vivante, végétale ou animale, nous passons notre vie à penser et à agir pour trouver la manière la plus efficace de nous reproduire. Freud parlait d’éros et, pour lui, c’était la pulsion de vie dont seulement thanatos, la pulsion de mort, pouvait venir à bout. En fait, c’est programmé dans notre ADN. Nous allons tous passer toute notre vie à trouver la stratégie de reproduction la plus appropriée pour que notre espèce puisse, avec notre aide très active, se reproduire. En général, l’individu que nous sommes parviendra à se reproduire lui-même. À d’autres moments, sa contribution sera moins concrète, sans pour autant être moins importante, et il contribuera à la reproduction des autres sans qu’il n’ait lui-même de progéniture.

La sexualité va donc jouer un rôle totalement omniprésent tout au long de notre vie, de notre naissance à notre mort, devenant particulièrement active vers la fin de l’enfance jusqu’à ce que la vieillesse s’installe et que, lentement, Thanatos ait raison d’Éros. Totalement omniprésent, c’est partout et tout le temps, dans tous les aspects de notre existence, à chaque moment et avec tout le monde, bien que nous en soyons en général inconscients. On peut facilement démontrer, et plusieurs ouvrages de psychologie l’ont fait abondamment au cours des cent dernières années, que toutes nos activités sont liées à notre volonté de séduction dans le but éventuel de la reproduction. Parcours académique, vie professionnelle, façon de s’habiller, de se maquiller ou de se coiffer, choix d’une automobile, goûts musicaux, décoration de notre intérieur, alimentation, condition physique, voyages, absolument tout, tout, tout est en rapport étroit et intime avec cette activité fondamentale de l’être vivant : se reproduire.

Ce qui étonne beaucoup, c’est que nous en soyons si peu conscients. Et ce qui étonne encore plus, c’est qu’il y en ait encore pour le nier complètement! À cause de cette inconscience, à cause de ce déni, plusieurs se choquent encore devant des comportements aussi normaux que l’hyper sexualisation des jeunes, la popularité de la pornographie, ou l’existence de la prostitution. Dans le même esprit, des femmes et des hommes croient à des pratiques aussi peu naturelles que la fidélité dans le mariage, la pudeur dans les attitudes et la disparition de la séduction lourde entre hommes et femmes…

Décidément, si on a tant évolué depuis notre préhistoire, plusieurs, surtout parmi les peuples qui prétendent à la plus haute civilisation, ont simplement perdu la mémoire de ce que nous sommes. Des êtres et des bêtes dont la plus grande mission, l’objectif de vie, et celui de l’espèce au complet, est tout simplement de se reproduire, pour notre plus grand plaisir, et un destin qui nous échappe.

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